Rencontre 17 mai 2018
L’Amérique sauvage racontée par… John Gierach
Prolongez le voyage en Wildernessde notre dernier numéro avec John Gierach : « nature writer » et grand amateur de pêche à la mouche. Installé depuis plus de trente ans dans l’Ouest Américain, il est l’auteur d’une vingtaine de romans et tient une chronique régulière dans le New York Times.
Il existe plusieurs définitions de la wildernessdans le dictionnaire. Une la présente comme « une région inhabitée, en friche, laissée à l’état naturel » ; une autre en fait « une vaste zone stérile ou vide ». Toutes deux sont objectivement correctes, mais celle-là est ma préférée : « un endroit d’une immensité déconcertante, périlleuse ou d’une profusion incontrôlée ». C’est cet aspect déroutant qui traduit la façon dont beaucoup d’Américains perçoivent la nature : un espace non seulement sauvage, mais assez grand pour pouvoir s’y perdre sans être trouvé. Ce type d’espace existe encore aux États-Unis. Certains se trouvent dans l’est – je pense aux forêts du nord du Maine –, mais la plupart sont dans les montagnes Rocheuses et dans le désert du sud-ouest ; ce sont des endroits non seulement inhabités et vierges, mais aussi tellement grands qu’il serait impossible de les traverser en quelques jours.
Je vis dans une région rurale dans les contreforts est des Rocheuses du Colorado, mais une grande partie de l’État reste encore une terre sauvage ouverte à tous. 68 % des forêts de l’État – plus de 6 millions d’hectares – sont publiques et je passe beaucoup de temps dans ces régions à pêcher, faire des randonnées, de temps en temps à chasser et plus rarement à camper. J’aime la solitude et la liberté d’être dans la forêt et le sentiment d’autonomie que cela procure. Comme Wallace Stegner l’a dit, même quand je ne peux être dans un coin perdu du pays, le simple fait de savoir qu’il existe est réconfortant.